mardi 10 février 2009

C'est pas tout ça...

... Mais puisqu'il paraît que tu es auteur, ma fille, tu pourrais mettre des textes en lignes, non, au lieu de bavarder. Nan, paske ça va bien, les papotages, mais on va finir par se demander si tu écris vraiment, à ce compte là.

Allez, zou, faites pas votre mauvais tête. Un petit texte court, pour tromper le temps grisouille. Ecrit pour un jeu sur le forum "à vos plumes", la contrainte était la phrase de début.


Robot, radio, bobo

J'ai remarqué que, de temps en temps, lorsque j'éteins la radio, elle continue à marcher. Pas à fonctionner, hein. A marcher, ou disons, à rouler. Mon poste dernier cri, rendu muet, continue à me suivre partout comme un toutou. C’est malin.

D’habitude, je suis la première à critiquer les inventions débiles dictées par le marketing de la surconsommation galopante. Mais là, j’ai eu la faiblesse de dire « c’est marrant, ce truc ! », en voyant la pub. Mon cadeau d’anniversaire a fait le reste. Je suis donc, depuis, l’heureuse propriétaire d’un poste de radio révolutionnaire qui présente la caractéristique d’être robotisé, et mobile. Grâce à une détection de chaleur par infrarouge, il vous suit partout tant qu’il est allumé. C’est pratique quand vous passez d’une pièce à l’autre, surtout si vous avez une grande maison. Il faut juste éviter de lui claquer la porte au nez d’un coup de pied décidé. Notez que le montant des réparations aide à se rappeler qu’il est bon de faire attention.

J’étais, jusqu’il y a peu, ravie de cet engin. Je dis « j’étais », car depuis quelques semaines, donc, j’ai remarqué que même éteint, il arrive que le poste continue à me suivre dans la maison. Au début, c’était rarissime, et juste dix secondes après que j’ai eu éteint l’appareil. J’ai cru à un problème de temporisation.Mais désormais, c’est de plus en plus fréquent, c’est d’un déclenchement de plus en plus aléatoire, et ça dure de plus en plus longtemps. J’ai logiquement emmené l’appareil en révision. L’employé m’a regardée avec des yeux ronds comme des ballons. Il m’a rendu mon robot après une semaine d’analyses, n’ayant rien trouvé. Pourtant ça continue. J’en viens à trouver ça inquiétant.
Pour tout avouer, je trouve surtout ça inquiétant depuis hier. En plein milieu de l’après-midi, alors qu’il me suivait, éteint, depuis dix bonnes minutes, mon vénéré poste de radio s’est mis à aboyer. J’ai d’abord cru que c’était l’andouille de chienne de la voisine. Mais ça ne ressemblait pas à ses jappements de roquet ridicule. J’ai donc écouté et regardé plus attentivement autour de moi. Le poste de radio a aboyé une nouvelle fois, puis il s’est immobilisé. J’ai eu la paix le reste de la journée.
Quand j’ai raconté ça le soir à Luc, mon homme, il a éclaté de rire. A ne plus pouvoir s’en arrêter, ah chérie, tu es irremplaçable, c’est bon de se marrer après une dure journée de labeur. Ben voyons. Je n’ai pas réussi à lui faire comprendre que je ne plaisantais pas.
Je lui en ai reparlé, forcément, puisque le phénomène s’est reproduit, voire étendu. Luc ne riait plus. Il commençait à me regarder comme si je virais foldingue. Son argument suprême, il me l’assena un matin, au petit dej. « Arrête avec ça ! Comment expliques-tu, si c’est vrai, que cela ne se produise jamais quand je suis là ? Tu délires, Claire. » Et ça n’avait pas l’air de le ravir.
Je me suis tue. Je n’avais pas envisagé cette hypothèse, jusque là, mais il avait peut-être raison. J’étais peut-être folle.Le petit déjeuner se termina sans bruit. Au moment où nous nous levions, je vis la radio s’approcher de l’homme de la maison, stupéfait. Parvenue à ses pieds, le robot souleva une de ses roues, et… pissa sur le bas du pantalon de Luc.

Il fut assez difficile de choisir entre l'effroi et le rire.

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