mercredi 25 février 2009

inspirée or not inspirée, Zat iZ Ze kouestionne (enfin pas tant que ça)

Le dernier post de ce blog date du 10 février, et on est le 25. Rhââ, ma doué, que ça passe vite. Je sens bien qu’il faut que je réactualise, que je fasse un nouveau billet. Un truc brillant, intelligent, qui rassemble les foules, et qui ramène chez moi l’ensemble de la blogosphère attendrie et/ou émerveillée et/ou énervée. Problème : je ne suis pas des masses inspirée. Alors déjà, quand je le suis, être brillante et intelligente, ça me demande un effort comme vous avez pas idée (alors qu’être potache et neuneu, tout de suite, je maîtrise mieux…). Alors quand je le suis pas, l’imagination s’égare.

Et oui, c’est ainsi, je ne suis pas inspirée. Ben ça arrive, hein, c’est pas non plus une maladie honteuse. Enfin pas que je sache, mais j’ai p’tête raté un truc (si c’est le cas, merci de me faire une séance de rattrapage, que je ne dédicace pas idiote, quand même). Tiens, d’ailleurs, ça serait l’occasion d’en parler, de l’inspiration, non ?

Je fais partie de ces gens qui peuvent écrire genre boulimie pendant quelque temps, puis plus rien pendant… Houlà, tout ça ? J’en avais même fait un texte, en son temps, texte qui se trouve . Ce n’est pas que j’aie l’illusion d’être particulièrement originale. C’est juste que ça fait bien suer quand je suis en phase anorexique côté production écrite.

Alors j’ai essayé plein de choses. Parce que les bons conseils, sur le sujet, on en trouve. J’ai essayé la technique « 1h par jour quoi qu’il arrive », ou l’art de bailler aux corneilles devant un écran blanc en sentant monter l’angoisse. J’ai essayé le « 3000 caractères par jour, même s’il faut en jeter les 4/5èmes au bout du compte » (idem pour l’angoisse). J’ai tenté de passer d’un texte à un autre pour ne pas rester coincée sur un truc qui n’avançait plus, ou l’art de finir par tout mélanger, ses neurones comme ses sujets, pour être sûre de ne rien terminer. J’ai essayé de dire partout que j’aurais fini tel truc dans 2 jours, manière d’être obligée de le faire. J’ai dit ensuite « ah ben en fait, non, j’ai pas fini ».

Bref. Chez moi, quand ça veut pas, ça veut pas. Et tenter de violer les mots ne les fait que se rétracter davantage. On les comprend.
J’envie, quelque part, les gens qui me disent « ben si tu as l’idée, le plus dur est fait, il ne reste plus qu’à la coucher sur l’écran ». Que non, chers amis, que non. Des idées, j’en ai 13 à la douzaine par heure (allez, soyons modestes, par jour). Mais là dedans, seulement une sur 100 trouvera une mise en forme et en mots. Et sur celles qui passeront cette épreuve, seules quelques pièces seront vraiment dignes d’intérêt. Je suis une grosse productrice de déchets, je sais que c’est mal pour la planète. Mais c’est ainsi.

Tout ça pour dire que l’inspiration n’est chez moi qu’un leurre. La preuve, je ne suis pas inspirée, aujourd’hui, et j’écris malgré tout un billet (qui a dit « oui mais il est nul » ???).
Oui, il m’en faut. Mais il me faut surtout un alignement de planète très particulier, pour que la mécanique des mots daigne être en phase avec ladite inspiration. Et puis ensuite, il me faut surtout du boulot, mais ça, hein, on en est tous là…

Patrick, l’un des Quadraturiens, préconisait récemment la création d’un syndicat des lambins de la plume. J’y adhérerai dès sa création, section « lambine vraiment lambine ». Qu’on se le dise.

mardi 10 février 2009

C'est pas tout ça...

... Mais puisqu'il paraît que tu es auteur, ma fille, tu pourrais mettre des textes en lignes, non, au lieu de bavarder. Nan, paske ça va bien, les papotages, mais on va finir par se demander si tu écris vraiment, à ce compte là.

Allez, zou, faites pas votre mauvais tête. Un petit texte court, pour tromper le temps grisouille. Ecrit pour un jeu sur le forum "à vos plumes", la contrainte était la phrase de début.


Robot, radio, bobo

J'ai remarqué que, de temps en temps, lorsque j'éteins la radio, elle continue à marcher. Pas à fonctionner, hein. A marcher, ou disons, à rouler. Mon poste dernier cri, rendu muet, continue à me suivre partout comme un toutou. C’est malin.

D’habitude, je suis la première à critiquer les inventions débiles dictées par le marketing de la surconsommation galopante. Mais là, j’ai eu la faiblesse de dire « c’est marrant, ce truc ! », en voyant la pub. Mon cadeau d’anniversaire a fait le reste. Je suis donc, depuis, l’heureuse propriétaire d’un poste de radio révolutionnaire qui présente la caractéristique d’être robotisé, et mobile. Grâce à une détection de chaleur par infrarouge, il vous suit partout tant qu’il est allumé. C’est pratique quand vous passez d’une pièce à l’autre, surtout si vous avez une grande maison. Il faut juste éviter de lui claquer la porte au nez d’un coup de pied décidé. Notez que le montant des réparations aide à se rappeler qu’il est bon de faire attention.

J’étais, jusqu’il y a peu, ravie de cet engin. Je dis « j’étais », car depuis quelques semaines, donc, j’ai remarqué que même éteint, il arrive que le poste continue à me suivre dans la maison. Au début, c’était rarissime, et juste dix secondes après que j’ai eu éteint l’appareil. J’ai cru à un problème de temporisation.Mais désormais, c’est de plus en plus fréquent, c’est d’un déclenchement de plus en plus aléatoire, et ça dure de plus en plus longtemps. J’ai logiquement emmené l’appareil en révision. L’employé m’a regardée avec des yeux ronds comme des ballons. Il m’a rendu mon robot après une semaine d’analyses, n’ayant rien trouvé. Pourtant ça continue. J’en viens à trouver ça inquiétant.
Pour tout avouer, je trouve surtout ça inquiétant depuis hier. En plein milieu de l’après-midi, alors qu’il me suivait, éteint, depuis dix bonnes minutes, mon vénéré poste de radio s’est mis à aboyer. J’ai d’abord cru que c’était l’andouille de chienne de la voisine. Mais ça ne ressemblait pas à ses jappements de roquet ridicule. J’ai donc écouté et regardé plus attentivement autour de moi. Le poste de radio a aboyé une nouvelle fois, puis il s’est immobilisé. J’ai eu la paix le reste de la journée.
Quand j’ai raconté ça le soir à Luc, mon homme, il a éclaté de rire. A ne plus pouvoir s’en arrêter, ah chérie, tu es irremplaçable, c’est bon de se marrer après une dure journée de labeur. Ben voyons. Je n’ai pas réussi à lui faire comprendre que je ne plaisantais pas.
Je lui en ai reparlé, forcément, puisque le phénomène s’est reproduit, voire étendu. Luc ne riait plus. Il commençait à me regarder comme si je virais foldingue. Son argument suprême, il me l’assena un matin, au petit dej. « Arrête avec ça ! Comment expliques-tu, si c’est vrai, que cela ne se produise jamais quand je suis là ? Tu délires, Claire. » Et ça n’avait pas l’air de le ravir.
Je me suis tue. Je n’avais pas envisagé cette hypothèse, jusque là, mais il avait peut-être raison. J’étais peut-être folle.Le petit déjeuner se termina sans bruit. Au moment où nous nous levions, je vis la radio s’approcher de l’homme de la maison, stupéfait. Parvenue à ses pieds, le robot souleva une de ses roues, et… pissa sur le bas du pantalon de Luc.

Il fut assez difficile de choisir entre l'effroi et le rire.

mardi 3 février 2009

le plaisir n'a rien à voir avec la taille

Lorsque j’ai commencé à rêver d’un éditeur, j’ai fait comme tout le monde : j’ai rêvé d’être Ze révélation de l’année, de vendre des milliers de livres, d’être la star chez Gallimard, et je vous passe le reste (si si, tout le monde rêve de ça, puisque je vous le dis).
Avouons-le, ça m’a vite passé. Je n’ai finalement démarché aucun « gros » éditeur. Avoir bossé sur mon manuscrit m’avait appris l’humilité (c’est beau cette phrase, nan ? Puissant, profond, tout ça… Dites oui, siouplé, je l’ai cherchée longtemps). Ou en tout cas, m’avait remis les pieds sur terre. On avait appris à mieux se connaître, mon manuscrit et moi. Je le cernais mieux. Je l’aimais mieux. Et quand on aime, n’est-ce pas, on veut des choses justes.
La justesse, pour ce manuscrit, n’aurait pas été un Gallimard ou un Albin Michel. Et ça ne m’aurait pas convenu à moi non plus. Je l’ai dit précédemment, j’écris avant tout pour les rencontres. Et j’ai très vite imaginé mon éditeur potentiel davantage comme un petit cocon que comme une grande boîte. Et ça tombait bien, vu que les chances d’être éditées par les Gallimard ou Albin Michel précédemment cités étaient proches de mes compétences en physique des particules (=néant absolu).
Tout ça, c’était avant même de commencer à poster de grosses enveloppes en Kraft, hein… J’en ai donc envoyé à des moyens, et à des petits éditeurs.

Celui qui m’a répondu « on prend » est un petit. 3 recueils de nouvelles par an, ce n’est pas une grosse production. Pourtant, il commence à être sacrément grand en estime et en réputation dans le petit monde des nouvellistes. Et maintenant que je les ai côtoyés d’un peu près, j’ai comme l’impression que cette réputation est méritée.
Mon éditeur s’appelle donc Quadrature. Si j’ai bien tout suivi, c’est une bande de 7 doux-dingues passionnés de nouvelles, qui se sont dit un jour qu’ils pourraient bien monter une maison d’édition. Allez, tiens, hé, chiche ! Et ben ouais, chiche. Quadrature est une association, ses membres sont bénévoles et ont un autre boulot à côté (faut bien manger, ma bonne dame). Et pourtant. Si vous imaginiez que ça justifierait qu’ils fassent « moins bien » ou « moins vite », ou quelque chose dans ce goût là, ben c’est raté. Ils sont éditeurs, point. Et ils font diablement bien leur boulot.
Ce n’est pas compliqué : je crois que jusque-là, ils ont été parfaits. Bon, déjà, ils ont aimé mon manuscrit, ce qui est la preuve que ce sont des gens de goût. Mais depuis, des mails échangés aux rencontres « en vrai », du boulot de correction effectué jusqu’au produit fini « zoli livre de Gaëlle », tout a été super. Alors on me targuera peut-être d’être une ravie de la crèche. Et ben j’assume ! Oui, je suis ravie ! Quand je râle sur le dos d’UPS, je râle, alors quand je suis contente, je ne vois pas pourquoi je devrais faire une petite moue pincée en disant « moui, pas mal… » d’un air dubitatif. J’ai l’enthousiasme enthousiasmé, à mes heures. Il vaut mieux le savoir.
Tout ça pour dire : Quadrature est un petit éditeur, et je suis ravie de travailler avec un petit éditeur. Aucune frustration, aucun regret. Cette rencontre est belle, c’est ce qui compte.

Et puisqu’on en est à parler taille et plaisir… Avant-hier, Patrick m’a annoncé qu’ils lançaient une réimpression. En l’état actuel des lieux, à peu près 120 exemplaires du recueil ont été vendus. Ça ferait mourir de rire Marc Lévy, à moins que ça ne lui provoque une attaque d’apoplexie. Mais moi, ça m’enchante. J’aurais déjà été enchantée d’en vendre 30, alors 120, vous pensez… !

Bref, petit éditeur et petites ventes, mais grand plaisir et grand bonheur. Na.