Lorsque
j’ai su que mon premier roman allait paraître, forcément, j’ai fanfaronné sur
le sujet. Il faut ce qu’il faut. Mes fanfaronnades ont quelquefois généré des
froncements de sourcils consternés, sans doute, mais elles ont parfois aussi
été reçues avec bienveillance et intérêt, et on m’a donné, entre autres, ce
conseil : « Fais-le envoyer au festival du premier roman de Chambéry
par ton éditeur ». Ainsi fut fait.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le conseil était bon, très bon,
excellent, même (merci encore une fois à celle qui se reconnaitra).
Le
festival du premier roman de Chambéry, j'y ai finalement été invitée (après préselection puis sélection), et j’en reviens. Ou presque, parce que je l’avoue :
il m’aura fallu quelques jours pour « poser » toutes les émotions,
tout le tourbillon, de cet incroyable évènement. Quelques jours pour arriver à
tout remettre en ordre dans ma tête, quelques jours pour arrêter de me pincer
tout le temps histoire d’être sûre que tout ça, c’était bien pour de vrai
(c’est malin, j’ai des bleus partout, maintenant). Depuis mon retour, on me questionne sur comment ça s’est
passé. Personne n’a l’air d’ignorer la tenue de cet évènement. J’ai vu paraître
des photos, aussi. Et oh, truc de fou, je suis parfois dessus. Ainsi donc, tout
était bien vrai. Je n’en reviens toujours pas, mais je goûte cet état de fait à
sa juste valeur (« toujours faire honneur aux choses joyeuses »,
règle numéro trouze de la célèbre « petite philosophie pour une vie sans
aigreur d’estomac »).

Allons-y donc pour un petit retour en mots sur la 31ème édition du
festival du premier roman de Chambéry.
Je
pourrais vous faire un compte-rendu exhaustif, argumenté, point par point, de
tous les charmes du festival, de sa cohérence, de son honnêteté intellectuelle.
Tout à fait entre nous : je l’ai fait. Ça fait quatre pages sous word en
cambria taille 12. Je crains que ça soit chiant à mourir à lire (car ça n’est
pas pour me vanter, mais je sais être super chiante, quand je m’y mets). Donc
maintenant que je me suis remis les idées au clair en rédigeant bien tout dans
l’ordre, j’ai fermé le fichier chiant (tiens, c’est balaise à répéter très
rapidement plein de fois de suite, ce truc : fichier chiant fichier chiant
fichier chiant fichiant... Raaaaaaaaaaa). Et j’en ai ouvert un autre. Ici, ça
sera plus subjectif, peut-être moins complet. Mais après tout, la littérature
étant le monde du subjectif et du point de vue (donc de la non-exhaustivité)
par excellence... Allons-y
Chambéry,
c’est le festival parfait.
Voilà.
Ça,
c’est dit.
On
va pas tourner autour du pot 4000 ans non plus, hein, faut appeler un chat un
chat. C’est le festival parfait parce que c’est un festival incroyablement
vivant, joyeux, fréquenté. Remarquablement organisé en amont (les trois mois
d’avant, faits d’échanges de mails, de propositions, de programme qui se dessine
petit à petit, jusqu’à aboutir à l’envoi d’une feuille de route personnalisée
au cordeau, à chaque auteur, sont épatants), et remarquablement géré, sur
place, pour les innombrables imprévus qui ne manquent de survenir. Je ne sais
même pas exactement quels mots employer pour dire mon admiration et ma
gratitude à Olivia, sa batterie de téléphone auxiliaire (on sent là tout le
professionnalisme), et toute l’équipe qui gravite autour d’elle. Car tout en
étant super bien organisé, le festival reste hyper convivial, pas la
moindre trace de rigidité qu’une organisation complexe pourrait générer malgré
elle. Chapeau. Il n’y a pas que les auteurs qui sont des artistes, dans cette
affaire...
Bref :
c’est parfait.
Ici,
les auteurs viennent de près, ou de loin. Ils sont conviés en librairies, en
tables rondes, en rencontres scolaires, en tchat avec Ouagadougou. Ils prennent
des petits déjeuners ou des apéros littéraires, et ils vont même au bal
(littéraire, toujours) le samedi soir. Les auteurs (ces êtres de solitude) se
rencontrent entre eux. Ils rencontrent aussi des lecteurs (beaucoup – les
animations font salle comble) qui ont des choses à leur dire, car les livres
sont sélectionnés par des comités de lectures dans lesquels les discussions
vont bon train, parait-il.
Bref :
c’est parfait.
Ici,
les auteurs sont accueillis à bras ouverts, et rémunérés de manière
transparente pour leur travail, sans rien avoir à réclamer. Honnêteté
intellectuelle que s’impose l’équipe organisatrice... Normal, me
direz-vous ? Certes... Mais on rappelle que nous sommes l’année qui a vu fleurir le fameux
#payetonauteur en marge du salon du livre de Paris... Alors... Merci Chambéry.
Bref : c’est parfait.

Ici,
tous les auteurs sont lauréats ensemble. Il n’y a pas 22 finalistes et un super
gagnant du méga-grand-prix, il y a 22 lauréats, point. Et toute la ville les
accueille ensemble. Les commerçants voient fleurir sur leurs vitrines des
citations tirées des romans lauréats (Et chaque auteur traque « les
siennes » pour les prendre en photo avec fierté). La course Odyssea, qui
sert à recueillir des fonds pour la lutte contre le cancer du sein, se
déroulait cette année conjointement. Les bénévoles se mobilisent pleinement,
partout, tout le temps, avant, pendant et après le festival. Anecdotique,
tout ça ? Moi qui aie tant envie que le collectif, au sens noble du
terme, regagne un peu de terrain dans nos sociétés et dans notre temps, j’ai
envie de croire que non, ça n’est pas anodin.
Bref :
c’est parfait.
Enfin,
à Chambéry, on peut être convié aux côtés d’Actes Sud et d’Albin Michel même
quand on est publié chez un petit éditeur nettement moins connu. C’est le
texte, qui intéresse et touche, ou pas. La taille et les moyens de la maison
d’édition, on s’en fout un p’tit peu. Le texte, c’est la substantifique moelle
de la littérature, non ?
Bref,
c’est parfait.
Et c’est sans doute cette perfection qui permet aux auteurs de lâcher prise, de ne plus se préoccuper d’autre chose que de vivre
pleinement ces moments, à fleur de peau et d’émotions. Chambéry, c’est un shoot
de joli, de fort, d’humain, même si de ça, il n’y a rien à dire, juste à vivre.
Et par là même, c’est un dopant puissant pour la suite des opérations. Car une
fois le rideau tombé, de retour à la solitude-de-derrière-l’écran, il reste,
qui infuse dans le café du matin, cette incroyable énergie partagée à Chambéry.
Pour
tout ça, pour le partage, l’énergie, l’émotion : Chambéry, c’est vraiment,
mais alors vraiment, le festival parfait. Et je ne suis pas peu fière, vous l’aurez
compris, de pouvoir clamer haut et fort que je suis officiellement lauréate du
31ème festival du premier roman de Chambéry (et ouais, je le mets en gras, même que).